George Lucas

L’extraordinaire succès commercial des films produits ou réalisés par George Lucas en ferait presque oublier son indéniable talent de cinéaste.

Né en 1944, il est possible que George Lucas ait atteint le sommet de sa fulgurante carrière dés 1981. A 37 ans, il avait déjà réalisé trois films remarquables : THX1138, American Graffiti et La Guerre des Etoiles; ainsi que produit L’Empire Contre-Attaque et Les Aventuriers de l’Arche perdue dont il est l’initiateur.

Pendant ses études de cinéma à l’Université de Californie du Sud (USC), il exprime déjà son goût pour les voitures, la vitesse et la science-fiction dans plusieurs courts-métrages dont le fameux THX 1138:4EB qui fit sa réputation de cinéaste prometteur et devint la base de son premier long-métrage.

Réalisé avec un tout petit budget, THX1138 est de bien des façons un tour de force. Film d’anticipation sombre et intelligent se déroulant dans un univers déshumanisé que le personnage principal prénommé THX1138 cherche à fuir, il permet à Lucas d’appliquer ses méthodes de cinéma total, ne délaissant aucun des outils dont un cinéaste dispose pour donner l’illusion que ses moyens sont plus importants et immerger les spectateurs dans son histoire, à commencer par le son, la musique et bien sûr le montage. Le film est un échec commercial dont Lucas tirera bien des enseignements. Il insufflera donc dans son deuxième film, American Graffiti, toute la chaleur, la tendresse et l’humour qui manquaient au premier (puisque s’en était précisément le sujet). Le grand succès d’American Graffiti permet à Lucas de convaincre la 20th Century Fox de produire son film suivant, un nouveau film de science-fiction dans la lignée de Flash Gordon.

C’est l’occasion pour George Lucas de confirmer qu’il est d’abord un conteur d’histoire. Si l’écriture de scénarios est un exercice long et pénible pour lui, il a le mérite lors de la création de La Guerre des Etoiles de revenir sur l’ouvrage autant de fois qu’il le faut, de 1973 à 1976, jusqu’à ce que le résultat soit à la hauteur de son ambition. Le scénario du film montre d’ailleurs un talent particulier et rare que l’auteur partage avec les plus grands écrivains de science-fiction : celui de baptiser les personnages et les lieux de noms originaux et inoubliables.

Le film allie une grande inventivité visuelle, aussi bien en termes de design que d’effets spéciaux, à une histoire classique - en apparence simple - qui tient autant du conte de fée que du Space Opéra. Les influences sont nombreuses et assumées mais le résultat final, à la fois nouveau et familier, est d’une indéniable originalité. Il y a un avant et un après Star Wars dans l’histoire du cinéma ainsi que dans la vie de nombreux spectateurs.

George Lucas produit deux suites : L’Empire Contre-Attaque en 1980 (le meilleur !) et Le Retour du Jedi trois ans plus tard puis met sa saga en sommeil, préférant un temps se consacrer aux aventures d’Indiana Jones.

Entre 1999 et 2005, il revient à la réalisation après vingt-deux ans d’absence, avec trois nouveaux épisodes de la saga Star Wars se déroulant avant les trois précédents. Si le succès a été au rendez-vous, l’accueil de la critique et des fans a été plus mitigé. L’avenir dira ce qu’il faut retenir de ces nouveaux films.

Le goût de George Lucas pour les techniques du cinéma et sa volonté de repousser les limites des effets spéciaux lui permettent également d’entretenir un rapport ambigüe avec son œuvre passé puisque les nouvelles technologies lui permettent de retoucher sans cesse ses films, au risque de perdre la magie et de s'aliéner ses fans.

Jeune réalisateur rebelle et indépendant, le succès a peut-être imposé à George Lucas un destin qu’il ne se serait pas choisi. En cela, il est lui-même un personnage de romans au moins aussi intéressant que la plus formidable de ses créations.

Rédacteur: AG